Cindy Van Acker & Christian Lutz

Knusa / Insert Coins

danse / 35 min / relâches 13 et 17 juillet

10 – 19 juillet / 16h50

Au mur, des photographies prises à Las Vegas par Christian Lutz. Corps façonnés, fissurés, fracassés par l’industrie du jeu et du divertissement. Au centre des clichés, allongée par terre, Cindy Van Acker. Sur les pulsations électro de Mika Vainio s’engage une étreinte. Entre les images et la danse, le réalisme et l’abstraction. Dépassant l’illustration, la chorégraphie se fraie une voie ténue et intime au cœur de l’univers visuel. Gestes saccadés, postures écartelées, mouvements contradictoires : elle en extrait l’essence pour mieux prolonger ses récits. Entre violence et accalmie, ce sont la misère et la force de vie de ces fragiles papillons de nuit – pour lesquels les jeux ne sont peut- être pas encore faits – qui trouvent doublement à s’exposer. Dans une liaison sous tension, qui laisse sourdre l’émotion et craquèle le vernis de l’illusion.

avec Cindy Van Acker
chorégraphie Cindy Van Acker
images Christian Lutz
musique Mika Vainio
son Samuel Pajand
régie Julien Frenois
production et administration Cindy Janiaud
diffusion Tutu Production

production de la performance Cie Greffe
production des images Christian Lutz et Images Festival Vevey
soutiens La Cie Greffe bénéficie d’une convention de soutien conjoint de la Ville de Genève, du Canton de Genève et de Pro Helvetia pour la période 2018-2020

Biographie

Minimalisme formel et complexité compositionnelle. Densité et intensité. Lenteur et vélocité. Si l’écriture chorégraphique de Cindy Van Acker appelle des associations très personnelles, elle n’en est pas moins le creuset de forces conjuguées, de fertiles collaborations qui l’ont nourrie et façonnée. En 2008, c’est en complice de Romeo Castellucci – dont elle règle au millimètre près les magnétiques mouvements d’Inferno – que le public d’Avignon la découvre. Entre les deux artistes, l’entente est naturelle, l’influence mutuelle. Mais l’on pourrait tout aussi bien évoquer Mika Vainio, dont la musique a innervé nombre de ses créations, ou Victor Roy, qui conçoit les scénographies dans lesquelles sa danse se déploie. C’est que tout, chez Cindy Van Acker, participe de la beauté et de la force de ses pièces. Tout est travaillé en imbrication, jusque dans les moindres détails : le geste et le son, la lumière et l’espace. Fruit d’une nouvelle interaction, directement inspiré des photographies de Christian Lutz, le solo Knusa / Insert Coins ressemble à ce que l’on connaît de Cindy Van Acker et surprend pourtant. La preuve, s’il en fallait, d’une œuvre intrinsèquement en mouvement(s).

Qu’il travaille dans les rues de Las Vegas, les coulisses du pouvoir ou les allées d’une cité, Christian Lutz aime à faire vaciller vitrines et façades. Pénétrer l’envers du décor. Montrer ce qui ne s’affiche pas. Photographe du réel, il n’en use pas moins de distance et de poésie pour « raconter » le monde tel qu’il va et ne va pas. Excellant à saisir l’instant, il livre des clichés à la composition étonnamment travaillée. De savantes prises de vue qui sont autant de prises de position, pointant l’intolérable sans jamais oublier d’esquisser le terrain des possibles. Engagé mais pas désabusé, Christian Lutz croit en la puissance de l’image, en sa capacité à émouvoir, à créer le débat, à véhiculer du sens sans pour autant en imposer un. C’est ainsi que son œuvre s’offre sans légende. Sans doute la plus grande marque de confiance que l’on puisse accorder à celui qui regarde.